Le début d’année a été complexe sur quasiment l’ensemble des marchés financiers, certains résistant mieux que d’autres. Le principal sujet qui pèse sur les marchés est le lien entre l’inflation, la croissance et la politique monétaire. Face à la surchauffe de l’économie américaine, la Réserve Fédérale est en train de relever ses taux d’intérêt et d’alléger son bilan, dans l’espoir de ramener l’inflation vers son objectif de 2%. Il est devenu de plus en plus probable au cours des derniers mois que la réduction de l’inflation passera par une période de croissance ralentie, de nature à provoquer une certaine détente du marché du travail. Bien qu’il soit admis que l’inflation américaine ait atteint un sommet, l’incertitude demeure grande quant à la vitesse avec laquelle elle ralentira, ce qui façonnera la politique de la Fed.
Les perspectives d’inflation se sont stabilisées ces derniers mois. Aux États-Unis, l’inflation a ainsi commencée à ralentir, passant de 8,5%, son plus haut niveau en 40 ans en mars, à 8,3% en avril. Le bond inflationniste, provoqué par une hausse soudaine de la demande de biens matériels de la part des consommateurs à un moment où la production industrielle était confrontée à d’importantes contraintes, s’est transformé en un processus de surchauffe généralisé de l’économie, qui s’est retranscrit notamment dans les prix de l’immobilier. La hausse des salaires mise en place en réponse à ces hausses et à celles des prix de l’énergie, a ainsi provoqué à son tour une inflation sur les services. Cette spirale inflationniste semble cependant avoir commencé à marquer le pas.
La réaction des banques centrales a en effet été forte, avec notamment une hausse historique des taux directeurs le 15 juin dernier de 75 points, la plus forte hausse depuis près de 30 ans. Cette politique monétaire, couplée à une réduction de la taille de leurs bilans, fait cependant peser sur le marché un risque accru de récession, qui s’est traduit par une baisse sensible des marchés actions et une augmentation de la volatilité.
En dépit du niveau élevé d’incertitude actuel, la croissance plie mais ne rompt pas. Elle demeure portée par plusieurs facteurs, au premier rang desquels on retrouve la résilience de l’industrie, des services et de la consommation. Les entreprises présentent toujours des bilans solides et maintiennent leurs programmes d’investissements, notamment dans le digital et la cybersécurité. Les dirigeants restent ainsi confiants sur l’avenir.
Côté épargne, elle est excédentaire et représente 10% du PIB en Europe. Le levier fiscal continue également de jouer son rôle dans l’Union Européenne et aux États-Unis. Néanmoins, il existe des inconnues majeures, comme en Europe avec les difficultés à compenser les approvisionnements en gaz russe. De plus, la confiance des consommateurs reflète les effets de l’inflation élevée persistante et la menace perçue de récession.
À ce stade, nous estimons que le scénario de l’atterrissage en douceur est possible, notamment aux États-Unis où l’impact de la politique monétaire sur l’inflation est plus facile à gérer qu’en Europe, son économie étant plus réactive. Les diversifications d’actifs et de zones géographiques restent le meilleur moyen pour passer cette période en gérant l’incertitude, tout en exploitant la correction du marché pour se renforcer sur des valorisations attractives. Ainsi, depuis un an, le niveau de valorisation des sociétés au regard des bénéfices a baissé de l’ordre de 30% en Europe.