Fin 2023, les acteurs économiques étaient pessimistes sur les perspectives de croissance économique mondiale en raison de la forte inflation, et de la hausse des taux qui l’accompagne. Depuis, les premiers chiffres sont apparus et les perspectives de croissance à court terme se sont améliorées aux États-Unis, en Europe et en Chine. En parallèle, les chiffres d’inflation ont été plus mitigés. Cette situation de résistance de l’inflation combinée à la croissance impacte la politique monétaire mondiale. Ainsi aux Etats-Unis et plus généralement au niveau mondial, le scénario qui se dessine depuis plusieurs mois est une croissance proche de la tendance tandis que l’inflation sous-jacente des services se stabilise et se rapproche de 4%. Le scénario alternatif, qui semble désormais peu probable, est une croissance faible avec un fort impact sur le marché du travail et une inflation qui baisse lentement aux alentours de 3% à la fin de l’année. Les autres scénarios, de dissipation de l’inflation, d’atterrissage brutal ou encore un choc d’offre présentent actuellement une faible probabilité de réalisation.
La situation d’une croissance résiliente avec une inflation autour de 4% prédomine car les indicateurs de croissance aux Etats-Unis se sont bien redressés après la baisse de fin 2022. De son côté, le marché de l’emploi est resté vigoureux. L’indice de confiance des entreprises s’est également bien maintenu. En Europe, le risque de récession semble se dissiper en raison de la baisse spectaculaire des coûts de l’énergie. Ainsi, le prix du gaz naturel s’est effondré de 64% entre août 2022 et fin mars 2023. Dans ce contexte, les estimations anticipent une croissance faible mais positive. De son côté, avec la réouverture de son économie suite à la fin de la politique zéro Covid, l’activité de la Chine a fortement rebondi.
Par conséquent, après le ralentissement de fin 2022, l’économie mondiale devrait se stabiliser d’ici l’été. Toutefois, cette situation pourrait être compromise par trois facteurs. Le premier concerne les conditions d’octroi des prêts bancaires qui se sont très nettement durcies autant aux États-Unis qu’en Europe. Ce contexte de retournement du cycle de crédits précède généralement une période de récession. Le deuxième facteur porte sur un risque d’offre qui pourrait ressurgir provenant par exemple d’une nouvelle crise de l’énergie. Ce facteur est atténué par l’ouverture de la Chine qui n’a pas provoqué, à ce jour, de déséquilibre. Enfin, les inquiétudes sur le système bancaire aux Etats-Unis et dans une moindre mesure en Europe, alimentent les discussions des régulateurs. Le sauvetage de 3 banques américaines de tailles conséquentes, et de Crédit Suisse, montrent le danger d’augmenter trop rapidement les taux pour combattre l’inflation.
Dans ce contexte, certains acteurs entrevoient un resserrement monétaire plus important que prévu. Nous estimons pour notre part que les banques centrales se rapprochent de la fin du cycle de hausse des taux, comme la récente hausse plus modeste des taux directeurs américains et européens le laisse entrevoir.
Notre allocation reste pondérée sur des actifs présentant des points d’entrée intéressants : foncières immobilières, Chine ou encore le secteur technologique. Les classes d’actifs d’infrastructure et du non coté permettent de se protéger contre l’inflation. Enfin, les produits structurés offrent des rendements en hausse suite à l’évolution des taux qui ne sont pas à négliger dans le contexte actuel.