La guerre en Ukraine se projette, outre les souffrances qui frappent les peuples ukrainien et russe, sur l’ensemble du monde et plus particulièrement sur l’Europe du fait de sa proximité avec le conflit. L’escalade des tensions politiques en un conflit militaire a déclenché une correction des marchés boursiers mondiaux et fait passer le prix du baril du pétrole au-dessus des 100 dollars pour la première fois en sept ans.
D’un point de vue macroéconomique, le début de l’invasion armée de l’Ukraine a un impact important sur les marchés, plus particulièrement en Europe et sur les prix de certaines matières premières. Il est très difficile de faire des projections sur les scénarios à venir de l’évolution du conflit. Nous pouvons pour le moment uniquement analyser les conséquences de l’isolement économique de la Russie du fait des sanctions du monde occidental.
Compte tenu du poids de la Russie dans la production mondiale de matières premières, l’exacerbation des tensions s’est traduite par une hausse brutale des prix de l’énergie, des métaux et des produits agricoles de base. Toute perturbation des approvisionnements pourrait être particulièrement lourde de conséquences pour l’Union européenne (UE), sachant qu’environ un quart de ses importations de pétrole brut et 40 % de ses importations de gaz naturel proviennent actuellement de Russie. Après un automne exceptionnellement froid, les stocks d’énergie de l’UE sont pratiquement épuisés, ce qui a amplifié la fluctuation des prix. L’Allemagne a récemment pris la décision de suspendre la certification du gazoduc Nord Stream 2, ce qui la contraint à trouver d’autres sources d’énergie à moyen terme. Outre l’ambition d’atteindre des émissions de CO2 nettes nulles, les craintes à l’égard de la sécurité énergétique accentueront les pressions sur les pays européens pour qu’ils renoncent à importer des combustibles fossiles et produisent des énergies renouvelables sur leur territoire.
Les prix de l’énergie constituent la principale menace sur la reprise économique à court terme. Les évènements actuels constituent un défi pour les banques centrales qui gouvernent le monde. Au cours des dernières décennies, elles ont généralement eu tendance à assouplir leur politique en réponse aux chocs énergétiques, qui ont en général un effet récessif. La hausse des prix de l’énergie résultant de cette crise va probablement perturber la trajectoire de l’inflation. Il est cependant peu probable que cette hausse des prix dissuade, à ce stade, les banques centrales des principaux marchés développés de resserrer leur politique monétaire cette année.
Concernant la vente actuelle des actifs risqués, la situation nous apparaît comme exagérée au regard de la continuité de projection de l’expansion mondiale en 2022. À ce stade les répercussions directes du conflit armé en Ukraine sur les marches de capitaux internationaux et l’économie mondiale devraient être limitées. Ainsi, la remontée des estimations des bénéfices par actions a été plus que compensée par la baisse des valorisations. Sur l’année en cours, le ratio cours/bénéfice prévisionnel du S&P 500 est passé d’environ 21,5 à 18,5 accélérant ainsi la baisse régulière des multiples observée depuis 2021.
Compte tenu de la situation, nous restons donc positifs sur les marchés actions, avec une sur pondération sur les valeurs technologiques qui présentent une réelle résilience en période de crise, sur les valeurs Asiatiques qui restent sous valorisées, et sur l’immobilier.